Quand trois cousins en vacances visitent l’abbaye d’Echourgnac et se retrouvent sur le port égyptien de Damiette en 1219, c’est avec une mission : permettre à Saint François d’Assise de délivrer son message de paix. C’est aussi dans un des huit romans de la collection Les disciples de l’Invisible de Cyril Lepeigneux. Rencontre.
Cyril Lepeigneux, vous êtes journaliste, présentateur sur KTO Télévision, mais aussi l’auteur des romans de la collection Les disciples de l’invisible. Pouvez-vous la présenter ?
C’est une collection de huit épisodes qui racontent les aventures de quatre héros : une sœur et son frère, leur cousin, et l'inénarrable chien Bushmills, un setter Irlandais.
Ces enfants, deux d'origine lyonnaise et le troisième d'origine parisienne, se retrouvent en vacances chez leurs grands-parents en Dordogne. A chaque album on commence en Dordogne avec des cadres différents. Et puis, tout d'un coup, il y a une sorte d’accident, une faille spatio-temporelle, et ils sont aspirés à un moment du passé. Un moment où ils vont se retrouver à vivre non loin d’un saint et vont devoir faire ce qu'il faut pour qu’un danger soit évité à ce saint.
Même si c’est romancé, ce que je fais dire aux saints sont des vérités historiques. Et à la fin de chaque livre, il y a un petit texte assez court qui redonne le résumé de la vie du saint.
Le but est donc de parler d'un saint, pas sous la forme hagiographique classique, mais simplement à travers des enfants qui vivent une aventure. Et c'est vraiment de l'aventure, à chaque page il leur arrive des trucs ! Mais discrètement on glisse des éléments de la vie du saint. Et comme ça, à la fin quand on referme le livre, on a passé un bon moment en lisant un roman d'aventures et on en connaît plus sur le saint.
Pourquoi se lancer dans un tel projet ?
D’abord parce que c’est amusant d’écrire des romans d'aventures pour des gamins à partir de neuf ans ! Ensuite, j'ai travaillé pendant une dizaine d'années pour le mensuel Magnificat, dont j'écrivais les notules relatives à la vie des saints en m’appuyant sur le martyrologe romain. C’était passionnant. C'est amusant de faire des recherches historiques, d’être prudent en les recroisant, pour ensuite les mêler avec des aventures à rebondissements pour les enfants !
Est-ce qu'il y a une ambition cachée derrière ces livres ?
C’est du divertissement. Du voyage historique même, parce que je me renseigne sur la façon dont les gens sont habillés, dont ils mangent. J’essaie de parler de personnages historiques de cette époque. J'essaye vraiment de contextualiser. Il y a tout un travail de recherche historique pour ensuite parler du saint dans ce cadre-là. L'ambition c'est évidemment en parlant d’un saint, de donner le goût de s'intéresser à ce genre de personnages. Et on espère que ce type de lecture peut donner envie de préférer faire le bien que le mal, et d'essayer de reproduire dans sa vie les bonnes actions des héros, comme le choix de vie du saint.
Toutes les aventures débutent et se terminent en Dordogne. Pourquoi ce choix de la Dordogne ?
Je pense que je sortais d'un voyage en Dordogne qui m'avait beaucoup plu. Cette vie sous la terre, cette vie sur la terre, ces paysages, cette nature… Tout ce qu'on y mange de bon aussi. Tout ça m'a beaucoup plu. Je trouve cette région très, très belle.
Et le point de départ à chaque fois là-bas, c’est tantôt la maison des grands parents, tantôt les jardins de Marqueysac, le gouffre de Proumeyssac, La Roque Saint-Christophe... Et la Roque Saint-Christophe ça a de l'allure quand même !
Cette dernière aventure débute à l’abbaye d’Echourgnac, pourquoi ce choix ?
J’ai cherché une abbaye et je suis tombé sur Echourgnac. Par hasard ou par Providence, je ne sais pas. Et ce que j'ai vu juste sur le site internet et en photos, le fait qu’on y affine du fromage, avec de la noix, ça m’a bien plu. Et hop, c'était parti !
Mais du coup, vous n’êtes jamais venu et n’avez jamais goûté le fromage ?
Si je l'ai déjà goûté, mais je ne suis pas encore venu à Echourgnac.
Pourtant la vie de l’abbaye et de la fromagerie sont plutôt très réalistes, bien documentées ?
C'est le travail d'enquête dont je vous parlais tout à l'heure, qui consiste à vraiment contextualiser, et essayer de faire comme si on y était. Et donc ça veut dire que l'air de rien, bouquin après bouquin, les enfants apprennent des choses sans s'en rendre compte.
Par exemple, dans le bouquin qui s’appelle A la cour de l'empereur du Japon, je parle d'un temple recouvert d'or. Il existe. Je glisse aussi des personnages historiques dedans. Quand je parle du poison au fugu, tout le monde sait que ça existe aussi.
Est-ce qu’en vous documentant sur l'abbaye, sur les fromages, vous avez découvert quelque chose ?
J'ai découvert que j'avais envie d'y aller. J'ai redécouvert la nécessité pour une communauté comme celle-ci d'avoir des sources de revenus. Et j'étais heureux de voir cette sorte de tradition monastique, puisqu'on est toujours dans l'illustration du Ora et Labora. Le Ora je n’en doutais pas, le labora on l’a avec la fromagerie et je trouve que c'est une façon de travailler qui est plaisante parce qu’elle est dans un cycle naturel qui consiste à user des produits de la nature pour fabriquer du fromage qui est bon pour le palais, qui réjouit le cœur de l'homme aussi, et qui nourrit les gens. On a besoin d'être nourris, on est des êtres évidemment incarnés, donc tout ça me semble être à un rythme naturel.
J'ai bien aimé aussi le fait que l’on n'augmente pas les volumes produits en fonction de la demande, mais que l’on fait la quantité dont la communauté a besoin pour vivre et qui lui paraît juste et faisable, plutôt que de se rendre malade à essayer d’augmenter les volumes coûte que coûte. J'ai trouvé ça sage.
Comment les saints de chaque épisode ont été retenus ? Quelle a été la démarche ?
On a cherché des saints qui disent quelque chose aux gens et qui donnent envie aux parents de tenter l'aventure. Saint François d'Assise par exemple, c’est parce que c'est un saint qui est connu et apprécié. Et le discours qu'il a sur la nature, le respect de la nature, correspond assez bien au fait qu’il faudrait peut-être qu'on prenne plus en compte la nature qui nous entoure.
Le vocabulaire utilisé dans le livre est très riche. Il y a d’ailleurs des annotations pour en expliquer certains…
C’est vrai. On a choisi d'avoir un certain niveau de vocabulaire, ce qui va un petit peu à l’inverse de la réécriture du Club des cinq où on enlève toutes les connotations catholique, chrétienne, et tout le vocabulaire considéré comme un peu compliqué. On n’a pas choisi cette option là. Donc il est vrai qu'à certains moments, on peut se dire que le mot est un peu plus compliqué. Mais en même temps, comme il y a le contexte, on arrive à comprendre le sens dans l'histoire. Mais c'est vrai que c'est peut-être un peu plus exigeant.
François, le pauvre de Jérusalem -Editions MAME, 144 pages-, de Cyril Lepeigneux, illustré par Alban Marilleau, est à retrouver dans la boutique de l’abbaye à Echourgnac & dans toutes les bonnes librairies.
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