Depuis septembre 2023, TV Monaco et Le Jour du Seigneur diffusent l’émission Générations Laudato Si', entièrement consacrée à l’écologie intégrale. Six épisodes viennent d’être tournés à l’abbaye d’Echourgnac. Rencontre avec sa présentatrice, Claire Riobé.
Comment est née l’émission Générations Laudato Si' ?
On parle beaucoup d’écologie dans la société, mais pas sous un aspect très catholique. Et pourtant nous disposons de ressources sur l’écologie qui sont merveilleuses, notamment avec l’encyclique Laudato Si du Pape François (publiée en 2015). Malheureusement, même les catholiques ne la connaissent pas encore très bien. Or l'Église a vraiment des choses à dire.
Qu'est ce qui caractérise cette émission ?
Je crois que l’un des points forts de cette émission, c'est de donner envie aux gens de faire un peu plus. Des émissions qui alertent sur les enjeux de la crise écologique il y en a beaucoup. Nous, ce qu'on a voulu faire, c'est de donner envie aux gens de s'engager. Et pour cela on s’appuie sur la spiritualité ignatienne qui est de voir, comprendre, agir.
D'abord on énonce le problème, on fait une sorte de constat. Quel que soit le thème abordé, on regarde où on en est aujourd'hui en France. Ensuite, en deuxième partie, on cherche des personnes qui peuvent nous inspirer, on regarde les solutions qui existent et comment ça nous fait avancer un peu plus. Et puis la troisième partie, une fois que l’on a réfléchi ensemble, que l’on comprend ce qui dysfonctionne et qu'il y a des solutions qui existent, on se demande comment très concrètement on fait un pas de plus chacun dans nos vies quotidiennes.
Terminer sur cette note positive est le plus important, c’est ce qui donne aux gens envie d’aller de l’avant.
Quand on parle de Laudato Si, d’écologie, souvent on pense à contrainte, à changement. En réalité ce n’est pas exactement ça ?
La démarche qui sous-tend la conversion écologique, c'est d’abord une conversion du cœur. L’enjeu n’est pas de vouloir mieux trier ses déchets à la force du poignet, avec de la volonté, mais plutôt de se dire comment est-ce que j'ouvre davantage mon cœur, pour être plus conscient de ceux qui souffrent autour de moi, de cette création qui crie, qui hurle, de ces populations aujourd'hui à travers le monde qui sont en souffrance ?
Et je crois que Laudato si c'est ça. C'est comment nous aujourd'hui par amour, parce que c'est vraiment une question d'amour pour moi, comment est-ce que par amour on peut faire un pas de plus, on peut mieux écouter la création que le Seigneur nous donne et on peut mieux répondre à l'acte d'amour que Dieu a pour nous.
L’encyclique et l’émission parlent d’écologie intégrale, c'est quoi l'écologie intégrale ?
En fait l’écologie concerne à la fois la relation que l'on a soi avec soi-même, au fond de soi, la relation que l'on a avec Dieu, la relation que l'on a avec les autres et la relation que l'on a avec la nature. Nous sommes tous interdépendants les uns des autres, tout est lié. C'est ça la signification d’écologie intégrale.
Et donc prendre soin de ces quatre relations, c'est quatre manières différentes de répondre aux enjeux de la crise écologique. Dans une démarche d'écologie intégrale par exemple, ça a du sens et c'est important de prendre soin de ses voisins, de ses collègues de travail, de ceux qu'on rencontre dans la rue ou dans le métro. Et ça a tout autant de sens de prendre soin de soi-même, de son corps, de son intelligence, de sa relation, de sa vie de prière, et ça a aussi tout autant de sens de prendre soin de son jardin et de prendre soin de son territoire, de sa région...
Pourquoi être venus tourner à Echourgnac ?
On cherchait un lieu joyeux, un lieu où la question écologique et d'écologie intégrale était présente, était pensée. On voulait vraiment se mettre à l'écoute des communautés religieuses et de celles qui avaient une sagesse centenaire, avec l'idée que dans l'Église il y a déjà toute une tradition sur les questions écologiques qui peut nous permettre d'avancer et de répondre aux défis d'aujourd'hui.
A Echourgnac, quand on a vu que les sœurs se questionnaient, avaient une démarche d'écologie intégrale avec le label Eglise verte monastère, ça nous a semblé être un lieu parfait pour tourner six épisodes de Générations Laudato Si'.
On y aborde la règle de Saint Benoît et la question Ora et Labora, l’art sacré, le rapport au travail manuel et au travail de la terre, le rapport au temps, à l’hospitalité, et la vie communautaire.
En quoi les monastères ont quelque chose à nous apporter dans ces défis d’aujourd’hui ?
Je crois que les monastères nous permettent de faire un pas de côté. Tous les enjeux que nous vivons dans le monde aujourd'hui, eux ils les ont déjà travaillés depuis des centaines d'années. Par exemple quand on dit que l'on a un rapport au temps qui est pressé, que l’on a un rapport au travail pas toujours ajusté, eux, les Bénédictins, ça fait 800 ans qu’ils travaillent ces questions du rapport au travail, du rapport au temps.
Et en fait les réponses ils les ont déjà dans la règle de saint Benoît. Ils les ont déjà expérimentés à travers toute la tradition des religieux et religieuses qui ont suivi cette règle. Et donc c'est une richesse infinie.
Qu’avez-vous découvert lors de votre séjour à l’abbaye d’Echourgnac ?
J'ai été touchée de voir que dans nos vocations de vie très différentes, dans nos styles de vie très différents, on est traversées de la même manière par les cris du monde, par le cri de la terre.
J'aurais pu me dire avant de rencontrer les sœurs qu’elles sont dans leur monastère, prient, travaillent, mais que leur stabilité est assurée. Du coup est-ce que tous ces défis écologiques les rejoignent vraiment ? Et bien en fait, oui, complètement. De même que nous aujourd'hui dans la société on se demande comment on va faire pour relever les défis de cette crise écologique, et bien elles, de leur côté, se posent exactement les mêmes questions. Il y a un point de ressemblance qui m'a surprise et qui m'a touchée.
Justement, pour relever le défi économique, les sœurs se sont associées à des laïcs pour la fromagerie…
Ca a été une découverte pour moi à Echourgnac de voir à quel point les laïcs et les religieuses travaillent ensemble. Je trouve ça très intéressant et je pense que ça peut vraiment nous inspirer dans l'église et en dehors de l'église.
De manière plus générale, c'est ce que nous dit le pape François dans Laudato Si : on n’avance pas seul, on est en interdépendance les uns avec les autres et on est beaucoup plus forts et plus résilients et plus créatifs et plus inventifs quand on fait ensemble. Donc je crois que cet aspect de ce qui est vécu à Echourgnac aujourd'hui est vraiment une source d'inspiration, peut être une source d'inspiration pour notre manière de vivre l'écologie dans nos vies quotidiennes et une inspiration dans le vivre ensemble qu'on est amené à développer.
C'est la première saison de l'émission. Après 30 épisodes, y aura-t-il une saison deux ?
Oui il y a une saison deux qui est annoncée pour la rentrée 2024. Avec de nouveaux 30 épisodes et un approfondissement de pas mal de thèmes d'écologie intégrale. L’idée va être de continuer à donner envie aux gens de s'engager, de continuer d'expliquer pourquoi est-ce que la transition écologique est nécessaire aujourd'hui, et comment est-ce que l'on peut être créatif et joyeux face aux défis auxquels on est confrontés.
Générations Laudato Si'
Productions : CFRT & Découpages
Diffusion : TV Monaco & Le Jour du Seigneur
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