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Sœur Nathalie, d’archéologue à religieuse

A 63 ans, sœur Nathalie fête cette année ses vingt ans de vie religieuse. Un engagement tardif après une vie professionnelle d’archéologue. Un engagement en réponse à une quête de toujours, la quête du sens de la vie. Rencontre.


Sœur Nathalie fête cette année ses vingt ans de vie religieuse
Sœur Nathalie fête cette année ses vingt ans de vie religieuse

Sœur Nathalie, vous êtes arrivée à Echourgnac en l’an 2000, à 40 ans. Pourquoi ce changement de vie si radical ? J'avais un très beau métier, j'étais archéologue. Un métier à la fois magnifique et difficile, tourné vers la recherche. Pour moi cette recherche, cette quête, est fondamentale. J'ai toujours été animée par le souci de comprendre le sens de la vie, vers quoi est-ce que l'on va ?


On connaît nos origines. C'est intéressant de comprendre d'où on vient pour essayer de percevoir une direction et vers quoi on va. On va vers le bonheur, mais ce n'est pas toujours évident. Humainement, c'est incompréhensible.


Dans mon métier d'archéologue, à un moment j'ai été confrontée avec cette question cruciale : le mal semblant prédominer, est-ce que l'on va vers du chaos ? C'était une question extrêmement angoissante pour moi.


La bonne nouvelle de la vie éternelle avec Jésus-Christ m'a sauvée, complètement. Parce que c'est l'ouverture à l'amour et au bonheur, et au bonheur pour toujours !


Comment avez-vous trouvé la réponse à cette question fondamentale du sens ? En tant qu’archéologue, j'ai été envoyée pour travailler sur la fouille d'une abbaye. J’y ai touché du doigt cette forme de vie donnée à la prière et à Dieu qui m'a beaucoup interrogée, la logique de la société étant plutôt matérialiste. Le sens de la prière, je n'y avais jamais vraiment pensé. Ça a été un énorme questionnement.


Le sens d'une vie complètement donnée m'a énormément touché parce que l’on est fait pour l'infini, le cœur est fait pour aimer à l'infini, et donc même l'amour humain ne peut durer par lui-même. Il ne peut durer que par la grâce de Dieu. Ça m'a ouvert sur cet infini d'amour auquel j'ai répondu et dont je n'ai jamais été déçue. Jamais, jamais, jamais. Même si la vie est difficile, même si les épreuves sont là, la grâce est donnée pour les traverser. Et l'assurance aussi que je suis là où je dois être. En paix !


Archéologue avant de devenir religieuse, soeur Nathalie a participé aux fouilles de l'abbaye cistercienne de Beaupré-sur-la-Lys dans les années 1990
Archéologue avant de devenir religieuse, soeur Nathalie a participé aux fouilles de l'abbaye cistercienne de Beaupré-sur-la-Lys dans les années 1990

Il s’est passé huit ans entre votre questionnement, la découverte de cette piste de réponse et votre arrivée à Echourgnac. Pourquoi avoir finalement radicalement changé de vie et avoir tout quitté pour entrer à Echourgnac comme religieuse ?

C'est la volonté de rendre grâce à Dieu, remercier Dieu pour la vie, la beauté de la vie qui nous est donnée. C'est aussi simple que ça, c'est aussi nécessaire que ça. Et ça rend heureux de pouvoir dire merci.


Qu’appréciez-vous le plus dans la vie religieuse et communautaire ? Ce que j'apprécie le plus c'est le partage. Le vivre ensemble est la manière la plus efficace de s'oublier, de s'ouvrir à autre chose qu'à soi-même et à se regarder soi-même. C'est l'ouverture à l'autre qui est source de liberté, qui est source de bonheur !


Quel est votre lieu préféré à l’abbaye ? C’est l'église je pense. C'est sans doute le lieu où il se passe les choses les plus essentielles. C'est là qu'on se retrouve, que je me retrouve sur l'essentiel, en face de l'Essentiel. C'est un cœur à cœur, c'est un face à face, on peut mettre tous les mots qu'on veut suivant les jours.


C'est un rendez-vous quotidien qui se fait sur une durée. C'est au jour le jour que l'on grandit dans cette relation d'amour.


L'église de l'abbaye d'Echourgnac
L'église de l'abbaye d'Echourgnac

Vous parlez de face à face, de cœur à cœur, et pourtant ces temps passés à l’église, vous les vivez en communauté et donc pas seule ? Oui parce qu'en fait on n'est pas non plus chrétien tout seul, on n'est pas seul avec Dieu, on est en Église, et ça c'est primordial. Ce que l'on est appelé à vivre ce n'est pas un seul à seul avec Dieu, c'est avec des frères et des sœurs. Sinon on va tourner en rond et on va se tromper d'objectif.


Dieu en fait nous renvoie aux autres constamment. Et peut-être aussi que c'est pour ça qu'il est silencieux. Parce que s’il se mettait à nous parler, on serait comblé et puis ce serait fini. Alors non, il reste silencieux et ainsi, si on veut continuer à vivre, c'est avec les autres. Et c'est comme ça que l'on va grandir.


Il nous veut avec un cœur ouvert. Lui il a eu le cœur ouvert sur la croix et ça, ça doit nous parler parce que c'est concret, c'est incarné, et ça nous aide à comprendre cette ouverture du cœur nécessaire. Il faut toute une vie pour y arriver sans doute. C'est au-delà de ce que nous sommes humainement capables et donc on a besoin de Lui, on a besoin du Christ pour nous montrer comment faire et pour nous aider à le faire.


Qui est Jésus pour vous ? C'est toute ma vie, c'est tout mon amour ! Jésus c'est un homme, donc il est proche de moi, et c'est un Dieu. C'est le Fils de Dieu. Et là, ça me dépasse (rires).


Plus sérieusement, cette double nature homme et Dieu, elle est centrale. A partir du moment où il est homme, il est proche de moi. Il sait ce que c'est que la faim, la soif, Il sait ce que c'est que pleurer, Il sait ce que c'est qu'être triste, Il sait ce que c'est que faire la fête. Il a fait tout ça, on le sait. Donc il est très proche de moi.


Et en même temps, il est le Fils de Dieu. Donc tout en étant très proche de moi, il m'oblige à aller dans un autre état. Il m'oblige à penser aujourd'hui l'éternité. Et ça, c'est la vocation monastique. C'est à dire l'irruption de l'éternité dans le temps. Penser à ça, ça peut occuper une vie ! Enfin, c'est vertigineux, mais c'est possible.


C'est à dire qu’Il s'est montré ressuscité, vivant à ses disciples, pour nous dire, je le comprends comme ça, pour nous dire l'éternité est dans le temps, tu peux aujourd'hui vivre quelque chose de l'éternité. Et ça c'est un souci qui est propre à l'homme. L'homme cherche l'immortalité. Alors il part parfois dans une direction qui va nulle part. Mais l'éternité, elle nous est donnée en Jésus-Christ et qui plus est, il nous est demandé de la vivre déjà, en ressuscité, c'est à dire de passer à un autre état.


Je ne dis pas que c'est facile, mais penser ça déjà, essayer de le penser, d'en faire une idée qui soit quotidienne, familière, ça nous transporte déjà dans une joie. C'est la joie de l'Évangile, c'est la joie de la vie éternelle qu’il nous est déjà donné à vivre maintenant.



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