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Un musée éphémère pour les cent ans de présence des sœurs à Echourgnac

A l’occasion du centenaire de la présence des sœurs à Echourgnac, un musée éphémère a ouvert ses portes le 20 juillet. Retraçant l’histoire de l’abbaye, et ses nombreuses péripéties, il accueillera le public jusqu’à mi-septembre.


Jour de fête et d’affluence à l’abbaye ce 20 juillet 2023. Il y a tout juste cent ans, le 20 juillet 1923, 43 moniales cisterciennes trappistines s’installaient à Echourgnac après un rude exil en Espagne.


Jour de fête et d’affluence à l’abbaye ce 20 juillet 2023

Fondée en 1852 à Espira-de-l’Agly (Pyrénées Orientales), la communauté y accueille des orphelines et ouvre une école. Une structure qui servira de prétexte après les lois anticléricales de 1901 pour imposer la fermeture et l’évacuation du monastère le 1er octobre 1904.


19 ans d’exil en Espagne

Les sœurs se réfugient à Allela, en Espagne. Mais le lieu qui les accueille n’est pas adapté à la vie monastique. Après un an, elles trouvent refuge dans l’ancien monastère d’Herrera. Un monastère à moitié détruit par la Révolution espagnole de 1835. La vie y est dure, 41 sœurs décèdent en 18 ans !


Le monastère d'Herrera en Espagne
Le monastère d'Herrera en Espagne

Lorsqu’un retour en France est envisageable, la réintégration de leur monastère d’origine d’Espira-de-l’Agly est impossible. Outre son délabrement, il est déjà occupé.


20 juillet 1923, l’arrivée à l’abbaye d’Echourgnac

Les sœurs découvrent alors l’abbaye d’Echourgnac, en Dordogne. Fondée en 1868, l’abbaye Notre-Dame de Bonne Espérance est construite brique par brique par les moines de Port-du-Salut (Mayenne). Venus à la demande du médecin de la commune et du préfet pour assécher les marécages et contribuer à la disparition du paludisme, ils construisent également une porcherie et une fromagerie.


Les frères du monastère de La Trappe à Echourgnac - Dordogne

Mais en 1910, face à de nombreuses difficultés, ils sont contraints de fermer l’abbaye. Une société civile, la Société Agricole de la Double, est constituée pour préserver la fromagerie. C’est ainsi que les 43 moniales se retrouvent le 20 juillet 1923 à Echourgnac. Un retour en France qui ne signe pourtant pas la fin des péripéties pour les sœurs… au contraire !


Trente ans de labeur et de sacrifices !

La maison abrite à cette époque les logements des ouvriers agricoles et des employés de la fromagerie. Il faut donc totalement réaménager les lieux. Quant au domaine, à l’étable, à la porcherie et à la fromagerie, c’est la Société Agricole de la Double qui en est propriétaire. Les sœurs n’en sont que locataires.


En 1939, un feu se déclenche dans le clocher de l’église qui s’effondre sur les voutes de l’abbatiale !


Finalement, après trente années de travail et d’économies, ainsi que l’aide d’une autre abbaye, la communauté des sœurs peut enfin racheter la fromagerie. Malheureusement, un an plus tard elle est ravagée par un incendie et il faut tout recommencer ! Un second incendie de la fromagerie se produira en 1983, laissant seulement la cave intacte !


La fromagerie après l'incendie
La fromagerie après l'incendie

Sœur Marguerite-Marie était déjà présente à ce moment-là. Elle se souvient d’une discussion avec soeur Guerric, qui dirigeait alors la fromagerie. « Loin d’être effondrée, elle m'a dit ‘Oh, mais avec la foi et le courage, on se relèvera !’. Ça m’avait marqué. »


« Ce centenaire m’a permis d’approfondir cette capacité de résilience des sœurs qui nous ont précédées, confie Sœur Elise-Mariette, l’une des plus jeunes de l’abbaye. Elles ont perdu plusieurs fois tout ce qu'elles avaient, et je pense que cette capacité de résilience nous fait encore vivre aujourd’hui. »


Inauguration d’un musée éphémère

Musée éphémère pour le centenaire de la présence des soeurs à Echourgnac

Lors de la journée de fête de ce 20 juillet, après une messe d’action de grâces célébrée par Monseigneur Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat, un musée éphémère a été inauguré à l’abbaye. Un musée préparé par l’ensemble des 21 sœurs qui vivent toujours à Echourgnac.



Mère Bénédicte, abbesse d'Echourgnac
Mère Bénédicte, abbesse d'Echourgnac

« J’ai été très touchée de voir que toutes les sœurs se sont vraiment engagées, chacune personnellement, à sa mesure, mais toutes de manière très authentique dans cette préparation, explique Mère Bénédicte, la mère abbesse de l’abbaye. Elles ont toutes apporté ce qu'elles savaient de notre histoire, leurs dons, leurs qualités et leur imagination. C'est très beau de voir cette synergie. Et je trouve que si on arrive à faire ça, c’est le signe que l'on est vraiment une communauté vivante et avec qui les choses se réalisent. Pour moi, c'est la plus belle expérience ! »


Mise en scène d’objets de toutes époques

Installée dans une salle de l’abbaye, l’exposition part de l’époque des moines jusqu’à aujourd’hui. « On a remis en scène chaque lieu important de notre vie monastique, détaille sœur Annabel. Le réfectoire, tout ce qui est vie quotidienne avec la couture, le repassage, la cuisine, mais aussi le travail avec la fromagerie et la confiserie. Enfin, le chapitre et l’église, lieux centraux de notre vie. »


« Le but est de démystifier un peu la vie monastique, de permettre aux gens de toucher notre réalité, complète Mère Bénédicte. On a fait en sorte que le public puisse s'approcher des objets et les toucher. On a par exemple mis un antiphonaire, ce gros livre de chœur avec les mélodies cisterciennes, pour que les gens puissent tourner les pages et voir que ce n'est pas méchant finalement un livre. »


Antiphonaire, livre de chœur avec les mélodies cisterciennes

L’ouverture au monde

L’exposition montre aussi l’ouverture par étape du monastère vers l’extérieur avec la présentation du tour qui permettait autrefois d’acheter le beurre et le fromage sans voir les sœurs, ou bien encore le parloir avec sa grille en bois.


Jacques Gambro, maire d'Echourgnac
Jacques Gambro, maire d'Echourgnac

Jacques Gambro, le maire d’Echourgnac, se souvient de cette époque en voyant tous ces objets. « Les premières fois où je suis venu à l'abbaye, j’avais 12-13 ans et j’accompagnais pendant les vacances scolaires mon père qui travaillait sur les chantiers du monastère. A l'époque les sœurs se déplaçaient avec une sonnette. Même moi tout enfant, si j'entendais la sonnette, il fallait que je me concentre sur mon ouvrage et que je ne regarde pas qui venait. Et la sœur se protégeait avec un voile en plus pour que je ne vois pas son visage. Elles ne parlaient jamais. Lorsque deux sœurs se rencontraient, elles se faisaient des signes pour communiquer. »


Une ouverture qui s’est faite petit à petit et que Sœur Marguerite-Marie a vécue de l’intérieur. « Cette évolution ne dépendait pas seulement du caractère de l’abbesse, mais aussi de l'Église. Avec le Concile Vatican II, beaucoup de choses ont changé. Les moines et moniales doivent partager les joies, les espoirs, les souffrances de la vie du monde et Vatican II nous a davantage poussées à ça.

Soeur Marguerite-Marie fait visiter l'exposition temporaire
Soeur Marguerite-Marie fait visiter l'exposition temporaire

Et puis autrefois on n’évoluait pas beaucoup en fonction du monde ambiant mais maintenant, il le faut. Autrefois des ouvriers laïcs venaient sur nos chantiers mais on ne leur parlait pas. Maintenant on travaille main dans la main, vraiment. On est bien obligées parce que le travail est devenu beaucoup plus compliqué, demande beaucoup plus de compétences, compétences que nous n’avons pas toujours. Par exemple à la fromagerie, maintenant nous avons un directeur. On travaille avec lui et sa femme. Forcément on est bien plus en lien. »


Sœur Marguerite-Marie tient à préciser que c’est un changement de forme, pas de fond. « Notre vocation n'a pas changé, c'est d’être un lien, un pont avec Dieu, par notre prière. »


Une autre évolution est la taille de la communauté. « Quand je suis entrée ici, on était presque 50, se souvient-elle. Maintenant on se retrouve à vingt. Et la moyenne d'âge a beaucoup augmenté. C'est un gros appauvrissement, ça ne fait pas de doute. Mais le dynamisme spirituel, l'entrain, la joie de vivre pour Dieu, n’ont pas baissé ! C'est une chose qui me marque, il y a cette constance de bonheur. Cette constance d'enthousiasme, d'amour de notre vocation ! On aime notre vie cistercienne. Ça, c'est une chose qui me frappe. »


Un trésor en Dordogne

Pour Mgr Mousset, l’évêque de Périgueux, la présence de l’abbaye est un trésor pour la Dordogne. « Elle permet le repos. Le repos du cœur, du corps et de l'esprit. Toute personne dans son cœur a soif de quelque chose, autre chose que la consommation, a soif d'exister, d'être. Echourgnac est un lieu qui favorise amplement cette recherche qui habite toute personne humaine. Il n'y a pas d'équivalent à mon sens de ce lieu en Dordogne pour vivre cette recherche qui existe dans tous les cœurs de toutes les personnes. »


Monseigneur Philippe Mousset - Messe d'action de grâces pour le centenaire de la présence des soeurs à Echourgnac
Monseigneur Philippe Mousset - Messe d'action de grâces pour le centenaire de la présence des soeurs à Echourgnac

 

Infos pratiques

L’exposition, gratuite, restera ouverte jusqu’à mi-septembre, du lundi au samedi de 15h à 17h.


Outre les objets et les panneaux explicatifs, des récits audios et vidéos enregistrés par les sœurs complètent la visite. Première étape dans la mise en place du futur parcours de visite de l’abbaye, elle permettra également d’affiner et optimiser en conditions réelles les types d’installations et aménagements envisagés.


Enfin, que vous puissiez venir visiter le musée éphémère ou pas, des éléments d’histoire et autres anecdotes seront publiés sur nos réseaux sociaux tous les 15 jours jusqu’à la fin de l’année. Abonnez-vous à nos pages Facebook et Instagram pour ne rien rater de l’histoire, des coulisses et de l’actualité de l’abbaye et de la fromagerie d’Echourgnac !


Les soeurs posent dans le préau pour les 100 ans de leur présence à Echourgnac


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